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Humeur

Tu ne le vois pas ! - N° 11
Mes carottes sont cuites... Et les vôtres ? 

Mercredi 12 mai 2010

En rondelles dans la daube, elles sont bonnes. Manque de bol : je bouffe mon rata tout seul. 
Je boude le banquet du 3e âge. Les générations montantes, ont-elles encore des carottes à éplucher ?
 
Eyjafjöll pète toujours le feu en Islande. La Grèce est exsangue. Nos énarques planchent sur les retraites... Ouf ! 

1 Caballé    2 Nourritures terrestres       Saint-Valentin      4 La truite de tonton    5 Les dimanches     6 Peinture...    7 Carnaval      8 Pâques    9 Volcan   10 Muguet

    

Les carottes sont cuites ? Bonjour la daube ! 

En Islande, Eyjafjöll fume toujours... (lien) 

Je préfère le vélo aux agapes du 3ème âge
 
L'acropole attend sa pluie de milliards d'euros...

Trop de potaches sont des enclumes. 

La "semaine des arts" au collège Eluard... (lien)

La tronche du retraité de demain

Beaubourg se délocalise en Lorraine

Graffitis dans la plaine du Rhône... (lien)

                                    Pas de ciguë dans la daube
           

- A mon âge, paraît-il, on n’attend plus rien. Les carottes sont cuites. Pas celles du Roi Soleil cultivées par Le Nôtre (voir page), mais bien celles du pauv' mec comme moi. 
-
Tu ne le vois pas !
- Vite dite ! Remarque, t’as raison : à moins de les râper, les carottes crues, c'est pour les lapins. Cuites dans la daube, c'est aut' chose ! C'est con de bouffer ça tout seul. Alors j'attends toujours quelqu'un...

- Qui ça ? 
- Je ne sais pas. J'ai d'innombrables relations amicales, mais si peu d'amis... Histoire de sortir des cocktails et buffets associatifs, de temps à autre, je joue la carte solo et hasarde une invitation. Personne ne vient. Pourtant, y a pas de ciguë dans ma daube ! 
- Tu ne noircis pas le tableau, là ? 
- Non, j'essaie de comprendre. Faut bien croire encore à quelque chose, attendre quelqu'un ! J’ai toujours 35 balais dans ma tête. J'ai de la réserve. J'suis comme Eyjafjöll (<voir photo), je pète le feu ! Les agapes du 3ème âge ? Très peu pour moi !
- T'étais pourtant invité au repas de l'amitié.
-
Oui, mais je suis seulement allé les photographier (voir page).

                                                        Pluie d'euros sur l'acropole

- Tu vieillis mal ?
- Non, c'est l'inverse. Ma vieille carcasse regimbe. A vélo, c’est facile. Surtout quand c’est plat et qu'il n'y a pas de vent. Ça roule tout seul… Cet aprèm, entre l’Ile-Vieille et le Banastier,  je trimbalais des tas de trucs dans ma tête…
- Ah oui ? Quoi donc ?
- Des choses que je n’attends pas mais qui arrivent quand même. Eyjafjöll (le volcan islandais) fait encore des siennes (voir page). Des avions restent cloués au sol tandis que la Grèce bat de l’aile, que la zone euro flanche et que l’Europe s’enrhume...
- Tu ne le vois pas !
- T’en as de bonnes ! J’apprends que tout le monde est tiré d’affaire grâce à plusieurs centaines de milliards d’euros. Des sommes monstrueuses tombées du ciel. Ce printemps pourri ne l’est pas pour tout le monde. J’entrave queue dalle. Mais ça me turlupine un tantinet : qui va payer tout ça ? Y a bien la sécu qui poursuit sa vague de déboursement des médicaments, dits de confort (le bien-être est un luxe). Vases communicants ? Mon c… ! C’est le pet de fourmi contre le rot de Gargantua.
- Tu ne le vois pas !

                                                  
Les pensionnés de 2050

- Je retourne à mes carottes. A mon âge, donc, elles sont cuites…Mais les jeunots sont-ils toujours à même d’éplucher les leurs ? Y a les enclumes qui savent tout juste écrire leur nom (un genre qui pullule - que fait l'éducation nationale?). On essaie de les sortir de là comme on peut, via le label "Ambition réussite", "La semaine des arts" (voir page) ou encore "L'école du spectateur" (voir page). D’autres  s’échinent (je connais deux cas précis) à étudier la chimie ou l’histoire de l’art. Même bardé de diplômes, le bout de leur cursus reste aléatoire.
- Tu ne le vois pas ! 
- Alors faut que je garde mes oeillères. Tout en me congratulant sur mon sort : chic, chic, chic, alors ! Moi, l’vieux schnock (qui a toujours 35 ans dans sa tronche) a un avantage sur les générations montantes : une retraite, mini-mini (j’ai pas su préserver mon rang social), mais une retraite quand même. Durera-t-elle autant que moi ? En haut lieu, face au futur, les énarques planchent, cogitent, subodorent, étalent jusqu’en 2050, allongent la durée cotisante, raccourcissent les subsides...
- Ben, dis donc, tu m'as l'air au parfum !
- En effet, y a La Rose qui vient d'en débattre...  (voir page).

                                                           Pétunia chocolat

- T'as pas quelque chose de plus marrant pour conclure ton n° 11 ?
- Si, peut-être... Y a Beaubourg qui délocalise à Metz. Picasso et Dali sont en villégiature en Lorraine. Pourquoi pas ? L’art, c’est un peu mon truc. J’ai quelques lueurs… Au point de trouver bath le style vindicatif des graffitis qui rehaussent mes balades à vélo… Ça enjolive les piles d’un pont TGV dans la plaine du Rhône (voir page). Au-dessus de ma tête, vrombissent les trains que je ne prendrai plus pour aller voir Dali à Metz. Tout comme j’ai manqué Turner au Grand Palais (voir page).
- T'as pu les moyens ?
- Non. Je regarde passer les trains. Le vagabondage horizontal avale trop de kilomètres. Il coûte cher. Je me limite aux divagations verticales, c'est à dire aux voyages sur place... Par la lucarne de Google, j'observe le monde. Eyjafjöll, la pluie d'euros, les retraites, tout ça... Puis je réchauffe mon restant de daube pour moi tout seul. J'hésite entre une Femme d'honneur et Julie Lescaut (j'ai pas toujours envie de me pressurer les neurones). Avant d’aller me coucher, j’embrasse la photo de maman. Je vais dire bonsoir aux pétunias qui, le soir (pas le matin), sentent bon le chocolat. Bonne nuit à tous !  A bientôt pour le N° 12 !

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