Les carottes sont cuites ? Bonjour la daube ! |
En Islande, Eyjafjöll fume toujours...
(lien)
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Je préfère le vélo aux agapes du 3ème âge |
L'acropole attend sa pluie de milliards d'euros... |
Trop de potaches sont des enclumes. |
La "semaine des arts" au collège
Eluard... (lien) |
La tronche du retraité de demain |
Beaubourg se délocalise en Lorraine |
Graffitis dans la plaine du Rhône... (lien) |
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Pas de ciguë dans la daube
- A mon âge, paraît-il, on
n’attend plus rien. Les carottes sont cuites. Pas celles du Roi Soleil
cultivées par Le Nôtre (voir page), mais
bien celles du pauv' mec comme moi.
- Tu ne le vois pas !
- Vite dite ! Remarque, t’as raison : à moins de les râper, les
carottes crues, c'est pour les lapins. Cuites dans la daube, c'est aut'
chose ! C'est con de bouffer ça tout seul. Alors j'attends toujours
quelqu'un...
- Qui ça ?
- Je ne sais pas. J'ai d'innombrables relations amicales, mais si peu
d'amis... Histoire de sortir des cocktails et buffets associatifs, de
temps à autre, je joue la carte solo et hasarde une invitation. Personne
ne vient. Pourtant, y a pas de ciguë dans ma daube !
- Tu ne noircis pas le tableau, là ?
- Non, j'essaie de comprendre. Faut bien croire encore à
quelque chose, attendre quelqu'un ! J’ai toujours 35 balais dans ma
tête. J'ai de la réserve. J'suis comme Eyjafjöll (<voir
photo), je pète le feu ! Les
agapes du 3ème âge ? Très peu pour moi !
- T'étais pourtant invité au repas de l'amitié.
- Oui, mais je suis seulement allé les photographier (voir
page).
Pluie d'euros sur l'acropole
- Tu vieillis mal ?
- Non, c'est l'inverse. Ma vieille carcasse regimbe. A vélo, c’est
facile. Surtout quand c’est plat et qu'il n'y a pas de vent. Ça roule
tout seul… Cet aprèm, entre l’Ile-Vieille et le Banastier, je
trimbalais des tas de trucs dans ma tête…
- Ah oui ? Quoi donc ?
- Des choses que je n’attends pas mais qui
arrivent quand même. Eyjafjöll (le volcan
islandais) fait encore des siennes (voir
page). Des avions restent cloués au sol tandis que la Grèce bat
de l’aile, que la zone euro flanche et que l’Europe s’enrhume...
- Tu ne le vois pas !
- T’en as de bonnes ! J’apprends que tout le monde
est tiré d’affaire grâce à plusieurs centaines de milliards d’euros.
Des sommes monstrueuses tombées du ciel. Ce printemps pourri ne l’est
pas pour tout le monde. J’entrave queue dalle. Mais ça me
turlupine un tantinet : qui va payer tout ça ? Y a bien la sécu qui
poursuit sa vague de déboursement des médicaments, dits de confort (le
bien-être est un luxe). Vases communicants ? Mon c… ! C’est
le pet de fourmi contre le rot de Gargantua.
- Tu ne le vois pas !
Les pensionnés de 2050
- Je retourne à mes carottes. A mon âge,
donc, elles sont cuites…Mais les jeunots sont-ils toujours à même d’éplucher
les leurs ? Y a les enclumes qui savent tout juste écrire
leur nom (un genre qui pullule - que fait l'éducation nationale?). On
essaie de les sortir de là comme on peut, via le label "Ambition
réussite", "La semaine des arts" (voir
page) ou encore "L'école du spectateur" (voir
page). D’autres s’échinent (je connais deux cas
précis) à étudier la chimie ou l’histoire de l’art. Même bardé de
diplômes, le bout de leur cursus reste aléatoire.
- Tu ne le vois pas !
- Alors faut que je garde mes oeillères. Tout
en me congratulant sur mon sort : chic, chic, chic, alors ! Moi,
l’vieux schnock (qui a toujours 35 ans dans sa tronche) a un avantage
sur les générations montantes : une retraite, mini-mini (j’ai pas
su préserver mon rang social), mais une retraite quand même.
Durera-t-elle autant que moi ? En haut lieu, face au futur, les énarques
planchent, cogitent, subodorent, étalent jusqu’en 2050, allongent la
durée cotisante, raccourcissent les subsides...
- Ben, dis donc, tu m'as l'air au parfum !
- En effet, y a La Rose qui vient d'en débattre... (voir
page).
Pétunia chocolat
- T'as pas quelque chose de plus marrant pour conclure ton n° 11 ?
- Si, peut-être... Y a Beaubourg qui délocalise à Metz. Picasso et Dali
sont en villégiature en Lorraine. Pourquoi pas ? L’art, c’est un
peu mon truc. J’ai quelques lueurs… Au point de trouver bath le style
vindicatif des graffitis qui rehaussent mes balades à vélo… Ça
enjolive les piles d’un pont TGV dans la plaine du Rhône (voir
page). Au-dessus de ma tête, vrombissent les trains que je ne
prendrai plus pour aller voir Dali à Metz. Tout comme j’ai manqué
Turner au Grand Palais (voir page).
- T'as pu les moyens ?
- Non. Je regarde passer les trains. Le vagabondage horizontal avale trop
de kilomètres. Il coûte cher. Je me limite aux divagations verticales, c'est à dire aux
voyages sur place... Par la lucarne de Google, j'observe le monde. Eyjafjöll,
la pluie d'euros, les retraites, tout ça... Puis je réchauffe mon
restant de daube pour moi tout seul. J'hésite entre une Femme d'honneur
et Julie Lescaut (j'ai pas toujours envie de me pressurer les neurones). Avant d’aller me coucher, j’embrasse
la photo de maman. Je vais dire bonsoir aux pétunias qui, le soir (pas le
matin),
sentent bon le chocolat. Bonne nuit à tous ! A bientôt pour le N° 12 ! |
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