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Humeur

Tu ne le vois pas ! - N° 7
C'est Carnaval toute l'année ! 

Jeudi 1er avril 2010

C'est le temps des carnavals, du bal des faux-culs, des pince-sans-rire et autres malins pisse-froid. Je ne parle évidemment pas des quelques braves gens qui, dans mon village, défilent encore derrière ce pauvre mannequin, bouc émissaire pour rire, confectionné par les enfants. Mais de ces "normalités" subtilement carnavalesques qui perdurent à longueur d'année.  J'ôte mes oeillères... pour bien vite les remettre et "ne pas voir" ces "grandes personnes" moins respectables qu'il n'y paraît... 

1 Montserrat Caballé    2 Nourritures terrestres      3 Saint-Valentin      4 La truite de tonton    5 Les dimanches     6 Peinture...

  
 Au temps de Bruegel l'Ancien... 
  • Pour faire chic, cette fois-ci, je remonte à la Renaissance. Le choix est vaste. Carnaval existe déjà. Voici une vision grandiose, mettant en scène les travers de l'époque, due au peintre flamand Bruegel l'Ancien (1525-1569).

  • Quelques notes, piochées dans une bio : 

    • Obèse, le prince Carnaval est censé représenté les protestants, l'individu maigre et triste, affublé d'une ruche sur la tête, incarne, lui, les catholiques. Bruegel les caricature autant l'un que l'autre. Au centre de la composition, un bouffon guide de nouveau deux personnes. Il a allumé son flambeau bien qu'il fasse encore jour : c'est le signe d'un monde renversé.

  • Qu'en est-il de nos jours ? Il y a Venise ou Rio, sans commune mesure avec les myriades de mini-carnavals qui agitent gentiment la gent passive des campagnes.

  • Mondragon n'en finit plus de regarder - ou plutôt d'ignorer - la lente et inexorable agonie de son carnaval, qui subsiste grâce à l'acharnement dérisoire du Sou des écoles laïques (voir page + vidéo)

"Combat de Carnaval et Carême"  par Bruegel l'Ancien  (1559)

   Qui organise quoi au village ? 

  • Je ne vais pas rabâcher ici ce que je répète chaque année (pour la presse et pour ce site) afin de soutenir ce "mini-carnaval au grand coeur".  Quelques points sur les "i" suffiront.

  • Je soutiens l'organisation, c'est -à-dire le Sou des écoles laïques de Mondragon. Ceci indépendamment des zones de turbulence qu'il a traversées. 

  • Oui, mais le Sou ne reste-t-il pas un "clan"...?

  • Tu ne le vois pas ! 

  • Tu passes outre (une fois pour toutes, restons apolitiques) ! 

  • Une fête attractive balaie ces sous-argumentations. 

  • Alors pourquoi on n'y va plus ? Parce que le coeur n'y est plus, la population s'en fout. L'école de musique, les 40 associations recensées, aussi. Seuls quelques parents suivent les enfants. 

  • Somme toute, ce n'est plus le carnaval de Mondragon, mais un carnaval parascolaire. L'école engage par ailleurs le Sou (voir Récréalivres ou la fête scolaire).  

Carnaval de Mondragon (24 mars 2010)  (voir page + vidéo). Pauvre bouc émissaire...
    Le fond et la forme
  • C'est l'éternel dilemme.  Il y a l'esthétique et son contenu. Le défilé costumé et ce qu'il représente. L'immonde Carmentran et les maux qu'il personnifie. 
  • Au vu du réquisitoire, dressé par le Sou des écoles, on n'a pas grand chose de graveleux à se mettre sous la dent...
  • Là, c'est parfait, tu le vois ! 
  • Bon, allons-y... "Si j'ai fait pipi au lit... Si j'ai une mauvaise note en français...
  • Pas très méchant, tout ça...
  • Mais y a aussi... "Si la terre a tremblé à Haïti..." Dieu soit loué, c'était loin ! 
  • Bref, moi, ici, j'vois aut'chose, qui ne défile pas forcément, là, sous mes yeux...
  • Non, tu ne vois rien !
  • Si fait, je le vois ! Car c'est une autre forme permanente de carnaval...
  • T'inquiète : j'nommerai dégun. Je racle dans le magma quotidien, local et national...
  • Mais j'vais d'abord prendre l'air. Bruegel, carnaval, l'interaction associative, ça m'prend les méninges... A t't'à l'heure ! 

C'est Meszigues qui souffle un peu au pont des Vachères. 
Mais faut que je rentre. Y a Bruegel qui m'attend.

    Drôle de tambouille

  • On reprend le fil... Mais les rognons (là, à gauche), sont à peu lourds à digérer. 

  • C'est la faute à Carmentran ? Ouais...!  Si tu veux !

  • Au niveau national, donc, t'as la taxe carbone, le bouclier fiscal, la réforme des retraites, etc...

  • Tu ne le v... - euh !... - si, tu le vois..., mais...

  • Te fatigue pas ! J'ai pas d'avis très éclairé sur ce carnaval-là. N'empêche que Carmentran crame pour beaucoup moins que ça ! Mais 1789, c'est du passé. Aujourd'hui, la Révolution est celle...
     - je ne dirai pas des nantis, mais celle des râleurs à la p'tite semaine, dont je suis.

  • Abrège ! Où veux-tu en venir ? 

  • Au joint remplacé sous le capot de ma Clio (radiateur) qui m'a coûté plus de 700 balles (113 €), soit deux ou trois caddies hebdomadaires à l'hypermarché (pour célibataire bien sûr).

  • Aux rognons d'agneau (façon foie vénitien c'est extra) qui se transforment en pot-au-feu dans la poêle, à cause de l'eau que rend la bidoche quand on la cuit.

  • Itou pour la tranche de filet qui blanchit dans son (faux) jus au lieu de rôtir.

  • Y a aussi cette charcutaille sucrée à la canelle, ces brugnons durs comme des cailloux, ces croissants caoutchouteux vendus par douzaines...

  • Et aussi ces patates à cochon pleines d'yeux qui germent dans le placard...

  • Et encore ces carottes bien dures quand je les achète, mais dont le reliquat (que je n'ai pas mis dans la daube provençale) ramollit à vue d'oeil...

  • Comment saliver devant tout ça ?

Des rognons d'agneau à mijoter façon foie vénitien... Hummm !
Mais ne pas les laisser bouillir dans l'eau qu'ils rendent ! 

 

  

Jolis à regarder... Mais à manger ? 

  • Donc, je le vois ! 

  • Et je dédouane Carmentran qu'on brûle pour des peccadilles !

  • Ben dis donc, ce soir, t'es remonté à bloc !

  • Même pas. Je frime...

  • Ah ?

  • Oui. Derrière ces petites misères quotidiennes, s'activent des trusts pas très jolis, jolis... Mondialisation oblige!

  • Mais ça te laisse le ventre plein. Pense au SDF qui boufferait bien des rognons bouillis aux carottes molles, mais qui n'a même pas la casserole ni encore moins le feu pour les faire cuire.

  • C'est la faute à Carmentan ? Pas vraiment, mais aux marchands de soupe qui ne viennent même pas voir Carnaval ! 

  • Bon. J'arrête là. 

  • Je bois la menthe verte à l'eau, que m'a offerte le Sou dans un gobelet en carton à la fin de son carnaval.

  • Je lève mon verre à la santé de Carmentran, alias Phénix qui renaît chaque année de ses cendres.

  • Vive, donc, carnaval 2011... ou ce qu'il en restera ! 

 

La colère du ciel devant ces mini-carnavals qui ne fustigent rien
La chute des anges rebelles par Bruegel l'Ancien  (1562)
Dans une armure brun doré , l'archange Gabriel, au centre du tableau, chasse du Ciel les anges déchus 
qui se transforment en corps nus d'hybrides imaginaires. Au bord supérieur du tableau 
une fraction de cercle lumineux symbolise la proximité de Dieu, 
la partie inférieure dépeint le chaos proche de l'enfer...

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