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Humeur

Tu ne le vois pas ! - N° 3
Vous disiez la Saint-Valentin... ? 
Volet 1 (Montserrat Caballé)     Volet 2 (Nourritures terrestres)

Samedi 20  février 2010

Qu'est-ce qu'il ne faut pas voir, cette fois-ci ? Ceux qui nous aiment mal ou qui ne nous aiment pas du tout ?
J'ai une rame de retard. Fallait voir ça pendant la Saint-Valentin. La fête passée, adieu le saint, comme disait Mémé.
Mais qui j'aime ? Qui m'aime ? Vaste propos ! Moi qui brasse large ici, avec Mondragon-plus.com,
je vous aime bien tous, évidemment. Comment me le rendez-vous ?

  
    La cote sauvage

  • Donc, j'ai occulté cette fichue Saint-Valentin. J'ai laissé à d'autres le soin de brasser les amoureux par milliers. Les marchands de fleurs ont fait recette. Je n'ai acheté aucun bouquet. A qui aurais-je bien pu l'offrir ?

  • Il faudrait pour cela que je pourvoie à l'image du couple. Or je suis seul.  M'en plaindre ou m'en réjouir ne change pas grand chose.

  • Je me rappelle (approximativement) une citation : "Le monde entretient une stupide idée du bonheur sous la forme du couple."

  • Qui a dit cela (ou quelque chose d'approchant) ? C'est Jean-René Huguenin (photo), écrivain français mort à 26 ans accidentellement en voiture. 

  • Ses initiales J. R. H. ont aussi signifié "Je rends heureux".  Vite dit ! Son seul roman "La cote sauvage", traite plus du tourment que de la joie. Salué par Mauriac et Aragon, il a tout juste eu le temps de le hisser parmi les grands, 

  • J'ai lu ce livre, il y a longtemps. Un amour impossible entre un frère et une soeur. Un déchirement silencieux dans la brume, en Bretagne. Le cri de ceux qui ont eu 20 ans autrement. Tout comme, d'ailleurs, on peut avoir 30 ans, 40 ans et plus autrement... 

 

Jean-René Huguenin (1936-1962)

   
     Un mythe aux boucles brunes
  • A l'époque (fin des années 60), je m'acheminais vers la trentaine. Sans trop savoir qui j'aimais, ni qui m'aimait. Je résidais en Avignon et fréquentais la famille Surtel, à Carpentras : Paul Surtel, peintre dit le Corot provençal (1893-1985), son épouse Elia, prof de lettres et conférencière, leurs trois fils dont Pierre, celui du milieu, alors élève aux Beaux-Arts d'Avignon, et auquel j'étais très attaché. Et vice versa.

  • D'autres figures lointaines auréolent cette amitié exclusive : Danièle, Bernadette, Dominique... Que sont-ils devenus ? Il y avait aussi ce garçon au visage mythique, ceint d'une barbe et de boucles brunes. J'ai oublié son nom, comme on oublie un fantasme qui n'a ni corps ni esprit, mais vous trouble à jamais. 

  • C'est là qu'intervient Julien Green (photo), écrivain américain d'expression française, dont l'oeuvre conséquente traite du mal d'aimer : Terre lointaine, Moïra, Chaque homme dans sa nuit, Sud, Leviathan... Elia Surtel, toujours à l'écoute, est venue à mon secours en m'indiquant cet auteur, lui-même tourmenté. 

Julien Green (1900-1998)

   
      Le Diable se promène

  • J'ai écrit à Julien Green qui, la foi aidant, enjolive et tire vers le haut : « Tout ce qui est triste me paraît suspect », mais nuance ses transports : « Les avenues de la rêverie sont la promenade préférée du diable.»

  • Mieux qu'une citation, il m'a personnellement répondu. Sa lettre ne résout rien. Elle élude les tourments terrestres et, pour m'en convaincre, conclut du haut du ciel par "je vous dis ce que je crois."

  • Croire en qui, croire en quoi ? En Dieu, au genre humain ? Quelle vaste abstraction ! Alors m'est apparue - je ne l'ai vraiment compris que plus tard - cette solitude insondable qui serait la mienne tout au long de ma vie.

  • Vous savez, pour moi, la Saint-Valentin... J'y reviens quand même, puisque c'est le point de départ du troisième volet de "Tu ne le vois pas !" C'est encore plus tarabiscoté que d'habitude. Faut quand même rallier l'actualité locale, quitter Huguenin, Green, la famille Surtel, Pierre et cette vision mythique à la brune pilosité...

 

Pierre, peint par son père Paul Surtel

  
  Retour dans l'arène locale...
  • En fait de pilosité, aujourd'hui, il y a la belle tronche barbue de Charly. C'est une rigolade, une camaraderie étrange au 3ème degré, du genre carpe et lapin, qui peut prêter à sourire...

    • Tu ne le vois pas !
      Ou alors, tu rigoles avec nous.
      Mon pote Charly et moi habitons deux planètes différentes. Nous n'avons rien en commun. Lui aime le foot. Et moi, Schubert. A partir de quoi,  pas même un embryon d'échange n'est envisageable. Et pourtant, un fil ténu subsiste...

    • C'est parti de rien, voici environ dix ans. J'assistais à une veillée calendale, sorte de pastorale, à la salle des fêtes. Dans la crèche vivante, à côté de Marie, il y avait Joseph, alias Charly, d'une troublante véracité ! 

    • Plus tard, j'ai dû composer avec le trublion que l'on sait, par ailleurs doté de qualités (n'a-t-il pas obtenu plus de voix que le maire lors des élections ?), mais aux antipodes d'une quelconque pieuse illustration. C'est là toute l'étrangeté des rapports humains, faits de contrastes insoupçonnés. 

La carpe et le lapin

   
  Dis-moi que tu m'aimes...

  • Et puis il y a les effusions ostentatoires, Les "Tu m'aimes ?" lancés pour rire à la cantonade, les agendas débordants de rendez-vous, la réunionnite, les inaugurations, les vernissages, les vins d'honneur qui brassent la gent associative... Bref, tout ce qui fait les relations dites amicales...

    • Tu ne le vois pas !
      Tu évites d'approfondir,
      de faire la différence entre "amis" et "relations amicales". Alors qu'au fond tu sais très bien que les premiers se comptent sur les doigts d'une seule main, et que les secondes pullulent à l'infini...
    • Tu fais bonne figure, tu réponds aux sourires par un sourire, tu embrasses les plus démonstratifs sur les deux joues, comme le veut l'usage des fausses étreintes, alors que les vrais sentiments laissent les bras vides.
 

Des relations amicales à gogo... et après ?

 
  Bérézina affective...
  • Tout dépend du mental et du degré d'exigence. On a aussi les relations qu'on mérite. Balancer du Schubert à la figure d'un footballeur n'augure rien de persuasif au niveau relationnel. Je préfère la salle de concert au terrain de foot. Et alors ? Tout est quand même sur Mondragon-plus.com... Ou presque ! Je donne plus volontiers dans le "cultureux". Un penchant sélectif qui fait le vide autour de moi.

  • Là, j'ai quelque difficulté à balancer mon... "Tu ne le vois pas !"

  • Alors, la Saint-Valentin... Bof !

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