Ils ne
sont que quatre sur scène, mais ils en trimbalent large « comme
ça », au gré d’un bagout truffé d’innombrables barbarismes
savoureux. Ce sont en fait des « québéquismes » qui
enrichissent la francophonie d’Outre-Atlantique. Exemple : « Aller
aux vues », c’est aller au cinéma. « Le dépanneur »,
c’est l’épicier resté ouvert le dimanche, etc.
Un accent
à couper au couteau avec des diphtongues décalées, une rythmique
d’enfer, un ton rigolard et désabusé sont les expédients du quatuor
vocal et instrumental « Québec Bayou Express », venu
réjouir, mardi soir, les festivaliers.
Avant le
spectacle, si drôlement nommé « Lâche pas la patate »,
c’est-à-dire grosso modo « Accroche-toi malgré tes emmerdes »,
Vincent Inchingolo (guitare, mandoline et chant), nous a mis au parfum :
« C’est un voyage du nord de la Louisiane au sud du Canada,
en passant par différentes contrées francophones d’Amérique du
Nord, avec des récits amérindiens, québécois, acadiens, cajuns. »
Ses trois
complices se nomment Jeannine Grisé (flûtes, percussions, planche à
laver, chant), Isabelle Arnaud (violon) et Claude Inchingolo
(contrebasse, chant). Leur histoire : un pique-nique autour de la
marmite à bouillir, un drôle de charbonnier, des arbres rouges, un
repas au sirop d’érable dans une grande cabane au sortir de six mois
d’hiver, etc.
Et aussi, entre le Bon Dieu et le Bon Diable, il y a
cette complainte de l’ivrogne (dont le titre nous échappe), un des
temps forts d’une autodérision poignante, l’envers d’une joie
d’être débordante, colportée par « Québec Bayou Express »
à travers l’Europe.