Voilà qui sort la troupe
de l’Atelier Théâtre de Bollène de son austérité habituelle. Après
Shakespeare, Tchékhov, Anouilh, Brecht ou Gogol, qu’allait-il bien pouvoir
tirer d’une formule cabaret satyrique ? Les répétitions, que nous avons
suivies, auguraient quelque chose d’aguichant. Nous étions loin du compte. Ce
dimanche soir, à la salle Brassens, la toute première représentation s’est
avérée époustouflante !
La gravité le dispute à
l’humour et à l’insolite. Découpés sur fond noir par un éclairage
savant, les personnages tentent de s’extirper d’une médiocrité viscérale
qui écrabouille leur vie. Comme au cinéma, des arrêts sur image les
statufient dans leur nullité jusqu’au grandiose. Sans temps morts, une
centaine de minutes durant, la pantomime, rehaussée de trois chants chorals,
nous mène à cette réflexion : sommes-nous bêtes à ce point ?
Car c’est bien Monsieur
et Madame Tout le monde qui en prennent pour leur grade. A ceci près que ce
cabaret-là nous vient d’Israël, où le quotidien n’est pas forcément plus
rose que le nôtre. C’est celui qu’a décrit le dramaturge Hanokh Levin
(1943-1999) pour ses cabarets sous le titre générique « Que d’espoir ».
Car se rendre compte qu’on est bête, n’est-ce déjà pas espérer l’être
moins ?
Les libertés du metteur
en scène Frédéric Richaud, l’extraordinaire connivence des douze comédiens,
l’apport inestimable de Françoise Carret et Catherine Salerne (musique et
chant) ont fait un sort inespéré à une douzaine de sketches, muets, joués ou
chantés. Quel brio !
Laisser au placard un tel
morceau serait un crime de lèse-public. Des pourparlers sont en cours pour d’éventuelles
représentations. N’hésitez pas à contacter la troupe au 04.66.33.70.92 ou
06.65.94.52.91 ou let.hivin@laposte.net