Justement, à propos de route, celle qui
hante mes rêves n'est jamais la bonne. Elle sillonne une
invraisemblable saga. D'une nuit à l'autre, elle enchaîne des
situations abracadabrantes. Je suis à vélo, puis sans transition
au volant ma Wolkswagen Up. Je quitte Mondragon, me dirige vers
Bollène, mais pénètre le coeur d'une grande métropole...
Peut-être bien San Francisco ou Pékin... Non : plutôt Léningrad ou
Mexico... Helsinki ou Bangkok... Je suis paumé. Je marche dans les
rues. Je cherche sans doute un hôtel..? Oui, c'est cela ! Mes
compagnons de voyage m'y attendent... Mais où ai-je garé ma
voiture ? Je la retrouve sur la place des Récollets... à Bollène
!
Au moment même où je crois saisir le volant, en réalité,
j'enfourche mon vélo... Qu'importe : direction le bercail à
Mondragon... Hélas ! Au sortir de la ville, un rond point
fallacieux me bifurque vers la gare Saint-Charles à Marseille, (où
j'ai de la famille). C'est plus que sûr, je vais louper le train pour Paris, où
m'attend ma mère... Pfff ! Maman est morte en 2005. Et la famille a
quitté
la région parisienne en 1949 pour Mondragon. Mon frangin Henry est
alors âgé de 6 mois. Et moi de 11 ans. Le
chantier pharaonique du canal en est encore à ses débuts...
Un rai de lumière chatouille mon
lavabo, assez proche de mon lit. Le soleil pénètre mieux ma maison
depuis l'extraordinaire réhabilitation du centre ancien. Ce matin,
je me suis réveillé assez tard. J'ai honte... Bof ! Pourquoi ? Ce nouveau jour
sera celui d'un
confiné. Que mangerai-je à midi ? Hier, dûment pourvu de mon
attestation de déplacement dérogatoire, je suis allé remplir mon
caddie chez Leclerc à Bollène. Entre autres, j'ai de quoi me mijoter un coq au
vin ou une variante de poulet basquaise...
Pas trop de télé.
L'actuel journal me déprime. J'en pleure (avec de vraies larmes).
Une sieste sur le canapé m'emberlificotera de nouveau... Pékin ?
Mexico ? Reykjavík ? Non : la
place du 18 Juin à Bollène... ou la rue Emile Zola à Mondragon,
juste en face de cette si jolie fontaine aux douze jets d'eau,
répartis le long d'un bassin entre un globe terrestre et un gros
oiseau, le tout surplombé par un panoramique gauche-droite :
clocher Sainte-Trophime / château féodal sur la colline -
prolongement de la rue Anatole France... C'est ce que je vois de mes
fenêtres. Il y a plus malheureux que Meszigues comme confiné !
J. P.