Jadis,
dans les marécages du Rhône, entre Pont-Saint-Esprit et
Mondragon, un combat opposa un chevalier ermite et une bête
monstrueuse. L’une des griffes de l’animal, disparu à jamais,
resta figée dans la poitrine du chevalier, transporté et veillé
au monastère de Ganagobie. Après sa mort, les moines sauvegardèrent
la griffe ensanglantée, dotée de pouvoirs miraculeux.
En
1863, un historien médiéviste découvre des parchemins relatant
ces faits. Le chevalier est canonisé en l’an 949 par le premier
pape français, Sylvestre II. D’où l’existence d’un
reliquaire aux vertus miraculeuses, unique dans l’histoire de la
chrétienté. Au Xe siècle, il est vénéré en Provence et
justifie un pèlerinage au monastère de Ganagobie. La sainte
relique redonne vie aux mourants et délivre de tous les maux dont
la peste et la lèpre.
Le
pape Borgia Alexandre VI (1492-1503) découvre ces pouvoirs
miraculeux et, en 1497, ordonne secrètement son vol par une
troupe armée. Les moines de Ganagobie. s’y opposent vainement.
Seuls sont saufs des parchemins racontant l’histoire. A son
tour, Napoléon III s’en empare. Il délègue Antoine X Alfred
Agénor auprès du pape Pie IX pour avoir confirmation d’un tel
trésor parmi ceux du Vatican et son retour en France. En très
mauvais état, le reliquaire est confié à Viollet le Duc qui décide
sa transformation. Des vitraux abîmés dévoilent la relique. Ils
sont remplacés par de grandes vitres. Un clocheton symbolique lui
confère plus de majesté.
Aujourd’hui,
en tant que trésor du patrimoine français, il légitime une
procession chaque avril. Le voici visible, en mai, à la fête du
Drac de Mondragon (place Georges Brassens).