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Les mots ne sont pas forcément l’apanage des photographes. Tout et son contraire peuvent être dits à partir d’une exposition du Photo-club bollénois dont nous suivons fidèlement les travaux depuis plus de trois décennies. A l’instar du président actuel Michel Bedin, nous sommes donc pris de court pour reconnaître, comme lui : « Tout a été dit, nous ne savons plus quoi ajouter ! » 

Au-delà du thème 2016, à bout d’argument, baptisé « La nature », laissons-nous aller devant ces 75 clichés, évidemment séduisants, dus à douze exposants plus ou moins embarqués dans la saga photographique, selon leur degré d’ancienneté. Le noyau dur a connu l’ère encore revancharde de l’argentique, grignotée au fil des millésimes par celle du numérique. Les deux se combinent encore parfois dans le laboratoire.

L’œil du visiteur n’y voit que du bleu, berné par d’étranges paysages, des mystérieuses frondaisons et autres faunes mises en valeur par de savants cadrages et des flous artistiques. C’est là qu’intervient le second degré qui transcende l’anecdotique.

Peinture inversée

Une nouveauté occupe quand même  l’étage. Débordant carrément du cadre de la photographie, le peintre Paul Chalgot-Mathis (déjà invité en 2014) expose une série d’œuvres inversées sur verre. Connue en Occident depuis l’Antiquité, cette technique est à son apogée à la Renaissance. L’œuvre est réalisée sur le dos du verre, obligeant l’artiste à anticiper la version définitive qui apparaîtra à l’envers. Il commence donc par la finesse des détails et termine par les fonds.

Le résultat est superbe et pas seulement limité ici au thème de la nature. Un aspect mythologique, nommé goettelbriefe (lettres de marraine en dialecte alsacien), s’inspire du graphisme et de l’imagerie populaire des souhaits de baptême adressés aux filleuls, dans des milieux protestants d’antan.

Exposition à l’espace Ripert jusqu’au 25 novembre. Entrée libre.         J. P.