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Deux représentations de la création du premier semestre 2015 viennent de confirmer l’excellente santé, physique et morale, de l’Atelier théâtre de Bollène. Car il faut du tonus et un mental bien rodé pour cabrioler ainsi sur les cimes d’un théâtre engagé, où l’on rit pour ne pas pleurer. Cette distorsion réclame une large amplitude de la part des comédiens, rompus à la dramaturgie des pays d’est, où, depuis plusieurs saisons,  les embarque Frédéric Richaud, metteur en scène (et par ailleurs directeur artistique d’Eclats de Scènes).

Dans ce même registre, vient donc d’être successivement joué, à Bollène (Espace de l’Amitié) et le lendemain à Pont-Saint-Esprit (festival Côté cour et côté jardin), « Le suicidé », une comédie grinçante du dramaturge russe Nicolaï Erdman (1902-1970), censurée par le gouvernement russe de l’époque.

Laetitia Livin, présidente et comédienne, nous rappelle la philosophie de la troupe : « Non seulement l’atelier s’efforce de distraire un public plus nombreux chaque année, mais aussi de transmettre à travers l’art théâtral des valeurs humanistes en montant des pièces engagées. Le regard des petites gens du peuple, ici,  nous fait revivre l’Histoire. Le metteur en scène nous emmène, cette fois, dans le huis clos d’un appartement collectif de la Russie, en 1928. Nous nous efforçons de vous y plonger aussi. »

Pour avoir eu le privilège d’assister à deux répétitions, nous étions déjà le bain subversif. Le public a suivi, partagé entre le rire et la réflexion, et toujours étonné d’accéder à d’aussi hautes sphères théâtrales, ancrées à Bollène.